Aujourd’hui nous avons visité le phare de Cordouan

Cette sentinelle plantée au milieu de l’entrée de l’estuaire de la Gironde a commencé son existence vers 1360 quand le Prince de Galles, surnommé le Prince noir, a fait sécuriser la route de Bordeaux avec la construction d’une tour de 16 mètres de hauteur.

De tour de défense elle passe au rôle plus pacifique de phare avec en 1584, à l’initiative d’Henri III, la reconstruction du monument tombé en ruine. Louis de Foix , son architecte, en fait un ouvrage qui prend l’allure d’un véritable temple à la gloire de la monarchie sous le règne d’Henri IV. Le phare sera allumé pour la première fois en 1611 et il faudra attendre la fin du 18 ème siècle pour que l’architecte Joseph Teulière surélève la tour en ajoutant une construction tronconique de près de 20 mètres de hauteur au dessus de la partie existante pour atteindre l’actuelle de 67, 50 mètres.Combien de fois l’ai-je croisé à la voile au cours de mes sorties et entrées dans l’Estuaire où se trouve depuis mon port d’attache ? Au moins trois ou quatre fois par an et toujours je l’ai vu petit comme un jouet tant il est dangereux de s’en approcher. Construit sur un îlot rocheux, il est entouré d’immenses bancs de sable qui se déplacent au gré des marées. Une fois, avec mon ami Edouard, nous l’avons approché, nous glissant entre les serpents de sable fin, longues surfaces immaculées rincées toutes les 6 heures. La prudence nous a obligés à garder nos distances pour l’admirer.

Aujourd’hui, ce 19 avril 2016, nous avons pris un bateau de croisière au départ de Port Bloc à la pointe sud de l’entrée de la Gironde appelée Pointe de Grave, le port de liaison en ferry de Royan au Verdon.

Cette navette à droite sur la photo ci-dessus amène une trentaine de touristes au pied du phare grâce à un bateau amphibie qu’elle traîne à la vive allure de ses 450 chevaux.

Sans l’eau qui nous entoure, on croit se trouver sur la lune ! Le débarquement de la trentaine de passagers se fait au bout du chemin bétonné qui nous conduit à l’entrée de ce magnifique monument classé au patrimoine artistique dès 1862 et qui a lancé officiellement sa candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO .

Il faut grimper 301 marches pour arriver au sommet juste en-dessous de la lanterne et admirer tout autour les abords, rocailles et langues de sable dévoilées à marée basse, ensuite les rives lointaines de la Charente maritime et de la Gironde, la rive droite celle du cognac et la rive gauche des vins. A ce sujet, une petite anecdote, la chapelle royale est divisée en deux parties, l’une protestante, l’autre catholique.

La marée n’attend pas et l’heure du retour a sonné. L’amphibie s’est collée au sentier bétonné d’où nous, les touristes, attendons notre tour pour y monter tout en regardant les pieds dans l’eau de ceux en aval du chemin. Laissons les grimper avant nous mais qu’ils aillent vite car l’eau monte ici presqu’aussi vite qu’au Mont Saint Michel. Enfin nous voilà tous embarqués et la machine reprend sa route vers le bateau en cahotant sur la rocaille inégale avant d’arriver à l’eau où elle se sent vraiment plus à l’aise. C’est alors que nous voyons deux silhouettes courant sur la jetée et rentrant franchement dans l’eau. Notre engin fait demi-tour, remonte sur la dune et l’équipage nous demande de descendre sur l’îlot de sable le temps d’aller chercher les deux inconscients. Fausse alerte, on apprend que ce sont deux gars de l’équipe des ouvriers occupés à la restauration du phare qui s’en vont rechercher des filets…

Cette belle aventure nous a donné faim. Partis à 9h30, il est 13h00 quand nous revenons au port. Une terrasse au soleil nous attend avec un bon moules frites.

A +