La Gironde, une maîtresse redoutable....

Gironde mystérieuse....

Quelle rencontre !

Je revois l'approche du Sherrycan dans tes bras il y a déjà dix ans.

Tu m'as accueilli délicatement ce jour-là, la météo était belle...

La passe sud, ton bras droit vu du large, était calme grâce à une météo clémente...

Elle longe une plage immaculée sans cesse lavée par les rouleaux de l'océan pour atteindre la pointe de Grave.

Approche gentille, le chenal tortueux est bien balisé...

Un léger bouillonnement de l'eau annonce mon entrée dans le plus grand estuaire d'Europe.

La marée a un petit coefficient et le débit de ton courant est au plus bas.

Leur rencontre crée de légers tourbillons.

Vraiment pas de quoi impressionner notre Sherrycan...

Sur ma gauche, campé entre tes deux bras, j'aperçois le phare de Cordouan, au centre de ton embouchure.

Il semble tout petit tellement il est loin !

Alors qu'il est si impressionnant de prêt !​​​

Ensuite, je touche la pointe de Grave...

pour m'installer pour la nuit à Port Médoc, ton premier port de plaisance sur ta rive gauche.

 J'aurais pu dormir au mouillage à la Chambrette, la jolie baie devant l'entrée du port. 

J'ai préféré une bonne nuit tranquille et les douches du port...

Le lendemain matin, les conditions météo avaient complètement changé.

Ne connaissant pas l'endroit, je demandai l'avis de la Capitainerie!

Avis de tempête!

Le Capitaine me rassure, tu es en colère mais seulement dans le sens de ta sortie.

Eole se déchaîne et secoue tellement ton embouchure qu'il serait suicidaire d'y aller.

Les vagues énormes sont capables d'envoyer le voilier sur les bancs de sable à la moindre avarie...

Mais si vous allez vers le sud, vers Bordeaux, vous aurez le vent dans le dos, il n'y aura qu'à éviter les hauts fonds...

Tu me tenais déjà chère Gironde...

Bel estuaire, tu n'as pas attendu longtemps pour me montrer ton caractère!

Tu ne te laisses pas conquérir par le premier venu!

J'étais pris dans tes filets!

Finalement, avec la marée montante et le vent dans le même sens,  tu m'as séduit.

Génois grand ouvert, tu m'as porté à une vitesse presque aussi grande que celle des passes du Golfe du Morbihan.

Je n'étais pas pressé pourtant, mais j'ai apprécié..

Aujourd'hui, dix ans plus tard, je ne veux pas te quitter...

Pas jaloux, j'aime te partager, te montrer à mes amis.

C'est d'ailleurs un marin rencontré à Gijon en Asturies qui m'avait parlé de toi.

(voir mon article "Comment se faire peur dans le golfe de Gascogne" du 3 août 2013)

Son voilier, le Grizzli Bear, avait son port d'attache à Mortagne sur ta rive droite.

C'était l'envie de lui rendre visite qui m'a donné le plaisir de t'aborder...

Le courant de la marée montante et les vents de force 6 m'y ont amené en un temps record, deux fois la vitesse de croisière du Sherrycan!

 Déjà dix années passées ensemble.

J'aurai du mal à te quitter...................

Comments

[Myriam]

Merci Jean Paul de partager cette passion ! On sent l'odeur des embruns et le vent qui balaie nos cheveux 😉