Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 septembre 2020 5 18 /09 /septembre /2020 16:01

On est hors-saison, les retraités dorment encore, le port est mort quand leur voilier prend la mer, celle-ci est noire, à peine éclairée par un joli croissant de lune juste suffisant pour trouver la sortie du chenal. 

Les téléphones sont éteints, les instruments aussi, seul le smart phone de Fred pourrait encore être allumé. Essayons de ne pas le réveiller, il pourrait avoir l'envie de faire de la promenade le long des côtes, c'est trop dangereux, il vaut mieux traverser le rail avant son réveil.  

C'est une vraie autoroute qui porte le nom de "rail d'Ouessant" du nom de l'île la plus occidentale de la Bretagne et symbolisant l'entrée ou la sortie de la manche au large de celle-ci . Ensuite, elle poursuit sa route en mer du nord entre la Belgique et l'Angleterre comme un énorme train dont les wagons sont les cargos qui approvisionnent les ports d'Anvers et de Rotterdam.

De nuit, elle ressemble à une guirlande de lampes blanches sans fin, au point de te demander comment tu vas faire pour trouver une petite place pour la traverser d'autant plus qu'elle est à double voie, (il y a aussi ceux qui descendent un deuxième rail parallèle). Fred ne le saura pas, il dort comme un loir tandis qu'Olivier, aux commandes du voilier, traverse cette longue cohorte.

Christine n'en croit pas ses yeux, comment arrive-t-il à passer entre ces monstres? D'accord, ils ne peuvent pas dépasser la vitesse de 10 noeuds, mais comment fait-il pour évaluer la distance et s'y faufiler au bon moment? les seuls repères sont  leurs feux de position! Oui, on voit un feu vert, il veut dire tribord, puis un feu rouge sur le côté bâbord quand il est passé,mais quand elle a vu le feu blanc de l'un d'eux, qu'Olivier lui dit: c'est son feu de poupe, celui de l'arrière du bateau, elle ne comprend pas, aurait-il fait demi-tour pour les éviter? Qu'ensuite elle aperçoit un feu tribord et deux feux blancs indiquant un cargo de plus de 50 mètres, elle se dit: ce n'est pas possible, il fait ça pour nous! Olivier lui dit, ce paquebot aura voulu éviter un autre et il ajoute: on ne le saura jamais, même s'il nous a engueulé, notre radio est éteinte.

C'est très chaud, Olivier est super concentré, Christine, elle, est confiante, elle a retrouvé son capitaine, elle a presque oublié la rupture brutale et injuste d'Ostende.

A la sortie du rail l'horizon s'éclaircit, le soleil se lève au-dessus des falaises anglaises dissimulées par la brume automnale qui se répand sous la forme d'une immense nappe sur la mer. Elle est à la fois rassurante car elle les met à l'abri des regards ennemis et dangereuse à cause du manque de visibilité.

Pourvu que les garde-côtes anglais ne les voient pas!

Le pilote automatique permet maintenant au bateau de garder un cap à l'ouest hors de portée de vue alors que nos deux jeunes s'endorment morts de fatigue quand Fred apparaît...

 

 

 

          

 

Partager cet article
Repost0

commentaires