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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 17:07

Attendez, dit Fred, nous allons d’abord téléphoner à vos parents pour les rassurer, ils n’ont plus de nouvelles depuis Nieuport. Il sort les deux téléphones de sa poche et ajoute : oui, excusez-moi, j’ai pensé bien faire en cachant les téléphones, on aurait pu être repéré si l’un de nous avait appelé ses parents, ceux qui ont chargé le voilier de drogue ont tous les moyens de contrôler son transport. Ça on l’avait remarqué, lance Olivier ! Christine lui donne un coup de coude, elle préfère que Fred s’imagine être toujours à leurs yeux le beau-père aventurier et non le faux jeton qui joue un double jeu plus que malhonnête, elle accepte même de rendre les téléphones après avoir envoyé un message What’sApp dicté par Fred expliquant qu’ils sont bloqués en Bretagne, qu’à cause du virus ils ne peuvent plus bouger et qu’une brave dame les loge entretemps. Venez, insiste Gwenaëlle, profitons de cette matinée ensoleillée pour aller nous promener. Elle les emmène dans les sentiers bordant les falaises s’amusant à sautiller au-dessus des pierres malgré son âge, elle les connaît toutes, avant elle en sautait de plus hautes, celles qu’Olivier et Christine, pris au jeu, n’hésitent pas à gravir pour la suivre.

 

L’air du large les porte, leur agilité les enivre, ils s’imaginent voler comme les goélands au-dessus des falaises. Après cette ruée dans la nature sauvage ils atterrissent essoufflés sur la plage abandonnée entre mer et falaise. Gwenaëlle récupère, elle a mené cette course, fière de montrer à ses hôtes son Finistère, ce bout du monde où son homme a plongé voilà déjà dix ans. Tous les jours, sauf en saison touristique, elle vient contempler l’océan, pleurer et essayer d’admettre l’intolérable, le naufrage du bateau de son mari pêcheur.

 

 La vie n’était pas facile, il partait souvent de nuit par tous les temps rafler le crabe aux Anglais, la pêche est toujours meilleure de l’autre côté de la frontière ! Il a quand même gagné assez d’argent pour construire leur petite maison. Avec le potager, le cochon et la chèvre ils ont vécu un vie dure physiquement, rythmée par les saisons avec comme réconfort le bonheur de s’être créé dans cet univers hostile un havre de paix jusqu’au jour du chavirement . Sans travail elle perçoit depuis, une petite pension de veuve d’indépendant. Christian avait dix-huit ans, pas doué pour les études, il a fait plusieurs petits boulots mal payés jusqu’au jour où il a rencontré Fred qui cherchait un endroit discret pour décharger de la marchandise, les anciens entrepôts des pêcheurs disparus faisaient son affaire. Gwenaëlle n’a jamais voulu savoir ce qu’ils y trafiquent.

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