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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 17:07

Attendez, dit Fred, nous allons d’abord téléphoner à vos parents pour les rassurer, ils n’ont plus de nouvelles depuis Nieuport. Il sort les deux téléphones de sa poche et ajoute : oui, excusez-moi, j’ai pensé bien faire en cachant les téléphones, on aurait pu être repéré si l’un de nous avait appelé ses parents, ceux qui ont chargé le voilier de drogue ont tous les moyens de contrôler son transport. Ça on l’avait remarqué, lance Olivier ! Christine lui donne un coup de coude, elle préfère que Fred s’imagine être toujours à leurs yeux le beau-père aventurier et non le faux jeton qui joue un double jeu plus que malhonnête, elle accepte même de rendre les téléphones après avoir envoyé un message What’sApp dicté par Fred expliquant qu’ils sont bloqués en Bretagne, qu’à cause du virus ils ne peuvent plus bouger et qu’une brave dame les loge entretemps. Venez, insiste Gwenaëlle, profitons de cette matinée ensoleillée pour aller nous promener. Elle les emmène dans les sentiers bordant les falaises s’amusant à sautiller au-dessus des pierres malgré son âge, elle les connaît toutes, avant elle en sautait de plus hautes, celles qu’Olivier et Christine, pris au jeu, n’hésitent pas à gravir pour la suivre.

 

L’air du large les porte, leur agilité les enivre, ils s’imaginent voler comme les goélands au-dessus des falaises. Après cette ruée dans la nature sauvage ils atterrissent essoufflés sur la plage abandonnée entre mer et falaise. Gwenaëlle récupère, elle a mené cette course, fière de montrer à ses hôtes son Finistère, ce bout du monde où son homme a plongé voilà déjà dix ans. Tous les jours, sauf en saison touristique, elle vient contempler l’océan, pleurer et essayer d’admettre l’intolérable, le naufrage du bateau de son mari pêcheur.

 

 La vie n’était pas facile, il partait souvent de nuit par tous les temps rafler le crabe aux Anglais, la pêche est toujours meilleure de l’autre côté de la frontière ! Il a quand même gagné assez d’argent pour construire leur petite maison. Avec le potager, le cochon et la chèvre ils ont vécu un vie dure physiquement, rythmée par les saisons avec comme réconfort le bonheur de s’être créé dans cet univers hostile un havre de paix jusqu’au jour du chavirement . Sans travail elle perçoit depuis, une petite pension de veuve d’indépendant. Christian avait dix-huit ans, pas doué pour les études, il a fait plusieurs petits boulots mal payés jusqu’au jour où il a rencontré Fred qui cherchait un endroit discret pour décharger de la marchandise, les anciens entrepôts des pêcheurs disparus faisaient son affaire. Gwenaëlle n’a jamais voulu savoir ce qu’ils y trafiquent.

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 11:40

Le vent du sud-ouest est plus impressionnant sur terre qu’en mer, il couche les herbes, courbe les arbres, fait trembler les volets, claquer les portes, comme un intrus sans éducation il siffle, hurle dans les chaumières. En mer, au large, il forme de grandes vagues qui nous portent de sommets en creux comme les toboggans à la kermesse, il nous secoue dans les rafales, quand il dépasse 7 beauforts on prend la fuite, on rentre la toile, c’est lui qui décide, il vous pousse dans le dos, il vaut mieux être bien au large…

Il n’a pas empêché nos amis de dormir comme des loirs, le grand air, la fatigue ont eu raison de leurs forces. C’est l’odeur du café qui les réveille, celle des crêpes aussi, le poêle à bois sert de cuisinière et chauffe l’unique pièce du rez-de chaussée où Fred a dormi sur le canapé. Christian n’est pas encore debout, il dort dans la grange, sa mère, Gwenaëlle, a cédé sa chambre aux amoureux se contentant du lit à ressorts de Christian, dans une pièce de rangement dans la sous-pente. Fred s’énerve, il connaît Christian, comme d’habitude il aura fumé ses champignons avant de dormir pour partir dans ses balades nocturnes imaginaires. Je vais le réveiller, les journées sont courtes, il faut cacher la marchandise ! En sortant, il s’adresse à Olivier, ne t’en fais pas, Christian va remettre ta coque à neuf, il ne restera plus aucune trace… Christine attend que Fred soit sorti pour demander à Olivier ce qu’ils comptent faire de la drogue. Vous allez la jeter à la mer ? Christine tu n’as pas encore compris que ton soi-disant beau-père fait partie de la bande ! Quoi Olivier ! tu étais au courant et tu ne m’as rien dit !  Ça n’aurait servi à rien, en mer il faut savoir se taire, il faut savoir composer pour éviter les conflits, on a déjà vu des gens se battre sur un bateau et n’oublie pas que Fred est armé. Oui, il m’a tout raconté, ces gens sont bien organisés, ils ne prennent pas de risque, Fred est là pour nous surveiller, pour que leur poison arrive à destination. Je lui ai même confié ton téléphone et le mien, il pense à tout ! Encore une fois Christine, comprends-moi, je n’ai pas eu le choix, je voulais t’en parler, mais c’était trop tard quand tu as attrapé ton mal de mer. Christine est au bord des larmes, son Olivier accepte de faire le transport de ce foutu poison pour le compte d’une bande de salopards et Fred en qui elle avait confiance, qu’elle prenait pour leur sauveur n’était qu’un pion de plus dans ce jeu cruel ! Qu’allons-nous faire ? Nous devons quand même prévenir nos parents, ils vont s’inquiéter ! Fred rentre à ce moment-là, il intervient. Vous allez leur téléphoner, vous leur direz qu’ici nous serons confinés à partir de lundi, que nous sommes à l’abri dans un petit port pas loin de Roscoff, qu’une famille de gentils pêcheurs nous hébergent et que tout va bien. Gentils pêcheurs, gentils pêcheurs ! S’exclame Gwenaëlle, Monsieur Fred ma maison n’est pas un hôtel, de plus je prends des risques en hébergeant des étrangers en cette période ! On va s’arranger, lui répond Fred. Elle hausse les épaules et s’adresse aux enfants, ma vie ici n’est pas facile, souvent je vais me promener sur les falaises, le vent, la mer les paysages m’aident à oublier, je n’ai pas besoin comme mon fils de fumer des champignons pour me resourcer. Si voulez, pendant que ces deux imbéciles vont faire leur sale besogne, je vous fais découvrir mon coin de Bretagne,

 

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23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 17:13

Olivier s’est battu pour deux, Christine a craqué, le mal de mer l’a achevée, elle s’est vidée dans les toilettes, elle a vidé son estomac, ses tripes, tout ! Olivier l’a traînée sur sa couchette, enroulée dans la couverture, elle tremble, elle voudrait mourir…Seulement après vingt-quatre heures elle sort du semi-coma dans lequel les médocs administrés par Olivier l’ont plongée, il trouve une dernière boîte de biscuit, la force à manger, elle grignote un morceau avec toutes les peines du monde pour l’avaler, Olivier la veille comme un petit oiseau jusqu’au bout du voyage, la forçant à boire, à dormir comme une poupée déchirée entre ses bras, quand elle s’assoupit, il en profite pour relayer Fred à la barre. En fin d’après-midi, ils devinent les côtes françaises à l’horizon, la pleine mer est à 11 heures du soir, ils devraient y arriver deux heures avant, le moment du couvre-feu en France mais cela ils ne le savent pas, voilà plusieurs jours qu’ils sont coupés du monde ! Ils décident d’allumer les instruments, les rochers sont trop nombreux dans la région.

 

Ils ont repéré les feux d’alignement, ceux-ci, superposés sur une ligne droite à une certaine distance l’un de l’autre, montrent la route quand ils sont alignés. Fred rappelle qu’il faut les suivre jusqu’à l’entrée du port et ne pas faire comme un ancien capitaine de la marine pourtant, ignorer l’entrée et aller se planter dans les rochers. Sur le quai, Christian agite sa torche, Fred l’a prévenu de leur arrivée, il les aide à accoster, prend les amarres, leur donne la longueur nécessaire au changement de marée pendant que Fred en noue une autre autour du mat, celle qui retiendra le bateau quand il sera à sec avec la marée basse. Peu importe l’heure, c’est la tradition ici, Christian est invité à bord pour boire le pastis, visiblement Fred et lui se connaissent bien. Tu sais Fred que tu peux compter sur moi, je suis venu à vélo par les petits chemins de la côte à cause du couvre-feu de neuf heures, la mémé vous a préparé une chambre pour les jeunes et toi tu dormiras dans la mienne, prenez vos pyjamas et couvrez-vous, il y a une demi-heure de marche. Les voilà partis sac au dos à la suite de leur nouvel hôte pour atteindre une vieille petite maison de pêcheurs perdue dans le maquis.

 

. La mère de Christian les attend, la table est mise, sur la toile cirée des bols de potage fument et répandent une odeur délicieuse de légumes frais du potager. Assoyez-vous mes enfants, faites comme chez vous ! Le feu est allumé dans la cheminée, Christine reprend des couleurs, sa soupe avalée, elle se jette sur l’omelette aux lardons et mange la moitié d’une baguette, c’est son premier repas chaud depuis plus de quarante-huit heures, elle finit l’autre moitié du pain avec le plateau de fromages, une douce torpeur l’envahit, elle écoute distraitement Christian qui raconte à la ronde sa vie ici, dans cette Bretagne qu’il adore et dont il est fier. Quand il ne travaille pas chez son patron ostréiculteur, il va cueillir des couteaux dans le sable sur la plage pour les vendre au poissonnier du marché local. Et maintenant pour lui c’est la meilleure période de l’année, il peut aller à la cueillette aux champignons. C’est alors que Fred intervient, attention les amis méfiez-vous ! Christian ne cueille pas les comestibles, il choisit les hallucinogènes, il les fume ! Olivier s’exclame, heureusement qu’il n’y en avait pas dans l’omelette !

 

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16 octobre 2020 5 16 /10 /octobre /2020 16:29

Olivier, seul à la barre, surveille le compas machinalement, plongé dans ses pensées il ne voit pas l’Est qui s’éclaircit, les étoiles qui disparaissent pour laisser la place au soleil.

 

Il fait jour quand sa décision est prise, il faut à tout prix délester le voilier de cette drogue, son père propriétaire du bateau serait mêlé à cette histoire, cela n’est pas possible ! Sans ménagements, il entre dans la cabine de Fred, le secoue et lui crie à l’oreille qu’il faut absolument se débarrasser de ce fardeau. Attends, attends Olivier, laisse-moi le temps de reprendre mes esprits, tu le veux vraiment ? Mais il n’y a de problème, moi ça m’arrange ! Je fais un café et on décide de la suite…Moguériec, oui Moguériec, nous n’allons plus à l’île de Wight, changement de cap, cap sur la Bretagne, c’est un petit port de pêche abandonné pas loin de l’île de Batz, pas loin de Roscoff, de vieilles carcasses de bateaux y pourrissent et à marée basse la mer s’en retire complètement, ça nous permettrait de mettre le voilier à la cravate, c’est-à-dire d’accrocher une amarre en tête de mât afin qu’il reste droit le long du quai quand il se pose sur le sol. Je ne connais pas plus discret comme endroit, surtout en cette saison !

 

Il va falloir naviguer trente heures de plus, on n’a déjà plus de biscuits à bord ! Comment ça va pour le reste ? On a des conserves, le reste d’une boule de Gouda et du pain sec, on n’a plus de bouteilles d’eau, il faudra boire celle des réservoirs. M’en fou, on a du pinard ! De toute façon, l’Angleterre ce n’était pas une bonne idée, le Brexit plus le covid, c’est trop, les douaniers britanniques sont très efficaces ! Le seul problème, c’est le vent du sud-ouest qui, si on le prend même au près serré, nous enverra sur le Cotentin ; le mieux c’est de continuer notre route suffisamment au large des côtes anglaises pour ne pas être repérés le plus longtemps possible pour pouvoir finalement piquer au sud droit sur Batz, ça sera donc plutôt cinquante heures de navigation. Christine, réveillée entretemps, a assisté à l’entretien, elle est désespérée, ça fait déjà deux nuits passées en mer dans une Manche secouée par les vagues que les courants contraires l’empêchent de se tenir debout sans s’accrocher, qui l’ont déjà envoyée valdinguer dans tous les coins du navire heureusement sans trop de bobos, mais la fatigue est là, ce ne sont pas ces quelques heures de sommeil qui lui permettent de tenir le coup, son corps n’est pas habitué à ces déséquilibres constants. Fred lui demande de faire l’inventaire de la nourriture à bord afin de prendre des mesures de rationnement si nécessaire. Olivier lui propose son aide, sa bien-aimée a déjà perdu la fraîcheur des premiers jours, ses yeux aussi ont perdu de leur éclat, il doit la prendre dans ses bras pour retrouver au fond de son regard la tendresse qu’elle lui voue. Il regrette de l’avoir entrainée dans cette aventure mais égoïstement, sa présence l’aide, elle lui donne plus de courage, la certitude qu’il va s’en tirer car, pour elle, ni le Brexit, ni le Covid, ni les bandits ne lui résisteront, il se battra…

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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 17:07

A cette époque les jours se raccourcissent, la navigation a pas mal occupé notre trio. Fred, gardons son surnom, emploie de temps à autre son téléphone pour trouver leur position GPS, ensuite ils corrigent leur cap et tiennent la barre à tour de rôle. Quand c’est Fred qui y est, Olivier et Christine se mettent à l’abri dans le carré, ils surveillent le compas à l’intérieur, ils se méfient. La journée, quand Christine tient le gouvernail, Olivier l’accompagne. Elle n’a pas encore assez d’expérience et quand c’est au tour d’Olivier, elle reste à ses côtés, Fred les surveille. Ambiance…                                                                   Au coucher du soleil Christine tombe de fatigue, les deux hommes décident de la laisser dormir pendant qu’ils se partagent les quarts, l’excitation du voyage les tient éveillés et tous deux récupèrent vite la fatigue avec l’habitude des sommeils entrecoupés obligés en navigation au long cours. Voilà seulement une trentaine d’heures qu’ils sont entraînés dans la même aventure, seuls dans les profondeurs ténébreuses d’une navigation mouvementée dans la Manche. Fred a l’intention de profiter de ces conditions idéales aux confidences, celles qu’emploient les milieux judiciaires en isolant le suspect pour mieux le traquer. Ce n’est même pas la peine, Olivier lui raconte son parcours sans difficulté, celui-ci correspond aux informations qu’il a obtenues. Fred, vous savez tout de moi ! Vous vous servez de moi pour le compte de qui ? Je ne les connais pas, tout s’est passé par l’intermédiaire de Shark, ce type est une franche crapule qui m’a embobiné pour le compte d’une bande

organisée à des fins pas très claires… C’est le moins qu’on puisse dire, sachez Olivier que pendant que vous faisiez la fête à Flessingue, ils ont amené votre bateau au chantier pour le sortir de l’eau et dissimuler sur la carène, la partie immergée de la coque, des paquets de drogue qu’ils recouvrent d’un polyester qui a la propriété de durcir rapidement, celui qu’emploient les pros quand ils ont une avarie ; cela fonctionne même sous l’eau. En trois heures ils ont sorti votre voilier pour faire le travail avant de le remettre à l’eau. Vous transportez à votre insu une quantité de drogue suffisante pour envoyer en l’air tous les accrocs de Paris pendant trois mois. Ils ont l’habitude de trouver des aventuriers prêts à naviguer tous frais payés sans poser de question, juste contents d’assouvir leur passion de la voile à bon marché. Ce sont des marchands d’illusion sans scrupules, froids et insensibles aux sentiments, dans leurs plans ils ne tiennent pas compte de l’amour, ils oublient que l’histoire est remplie de tragédies liées à la flamme des sens. Le ciel, soudain libéré des nuages, étala sous leurs yeux une multitude d’étoiles, de galaxies, de nébuleuses surréalistes propres à leur rendre l’humilité et la sagesse. Fred partit se coucher en ajoutant : « la nuit porte conseil » !

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3 octobre 2020 6 03 /10 /octobre /2020 15:45

Alors les tourtereaux, c'est comme ça que vous faites votre quart! Notre quart a duré toute la nuit pendant que monsieur dormait à poing fermé!   Ah, nom de Dieu, ce sont les falaises anglaises que je vois, vous avez traversé le rail! Vous auriez pu m'appeler, ce n'est pas prudent! Vous compter aller où comme ça? Olivier voudrait lui répondre que ça ne le regarde pas, qu'il est accepté à bord, un point c'est tout. Christine lui coupe la parole; Monsieur Fred, Olivier sait tout, il sait que vous n'êtes pas mon beau-père, il sait qu'il vaut mieux accepter vos conseils, que vous êtes du bon côté, que vous seul êtes capable de nous sortir de cette situation. Oh là, oh là ma chère Christine ce n'est pas si simple, dites moi d'abord où vous allez. Nous fuyons Monsieur, Olivier est tombé dans un traquenard, nous essayons d'en sortir... Bon dites moi au moins combien de temps votre avitaillement vous permet de rester en mer. Olivier lui répond, pas longtemps, normalement ma destination suivante est Dieppe où je dois recevoir de nouvelles instructions, pour leur échapper j'ai coupé radio, téléphone et tous les instruments et j'ai mis le cap sur Wight, je connais pas mal cette île, je pense que Bembridge sera un endroit tranquille en cette saison où nous pourrons mouiller sans nous faire remarquer, il faudra attendre la pleine mer car une barre rocheuse empêche l'entrée à marée basse. Nous devrions l'atteindre dans une trentaine d'heures, j'ai assez de vivre pour arriver à cette destination. Olivier, vous êtes sûr que les douanes anglaises ne passent pas par là? On n'est jamais sûr, on y restera le temps de faire des courses et le plein d'eau potable. Même si elles passent, mes papiers sont en règle, ce bateau appartient à mon père qui porte évidemment le même nom que moi, le seul problème c'est vous, comment leur expliquer ce que vous faites à bord?   Vous leur dites simplement que je suis un ami de votre père qui vous accompagne pour le rassurer. Oui, sauf que mon père ne vous connaît pas et que cela vaut mieux pour moi. Au fait, vous pouvez me montrer vos papiers d'identité, je dois indiquer dans mon livre de bord qui m'accompagne.

Voici ma carte d'identité, Fred est un surnom, je m'appelle en réalité James Johnson, oui comme le premier ministre, le seul point commun ce sont mes origines anglaises. Vous n'avez pas l'accent! Non, j'ai quitté l'Angleterre à l'âge de huit ans. Monsieur Johnson, Christine m'a raconté votre rencontre, vous vous êtes présenté comme un enquêteur bien au courant des activités des gens que j'ai fréquentés à Anvers. Je peux vous jurer que de mon côté, je ne sais qu'une chose, c'est que j'ai perdu une grosse somme d'argent au jeu, qu'ils m'ont menacé, qu'ils ont les moyens de la réclamer à ma famille. Je ne veux pas que mes parents l'apprennent et j'ai peur pour eux, ils sont capables de tout. Bien, je vous crois, quant à moi, je suis tenu par le secret professionnel, je peux seulement vous confirmer qu'ils sont dangereux.

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18 septembre 2020 5 18 /09 /septembre /2020 16:01

On est hors-saison, les retraités dorment encore, le port est mort quand leur voilier prend la mer, celle-ci est noire, à peine éclairée par un joli croissant de lune juste suffisant pour trouver la sortie du chenal. 

Les téléphones sont éteints, les instruments aussi, seul le smart phone de Fred pourrait encore être allumé. Essayons de ne pas le réveiller, il pourrait avoir l'envie de faire de la promenade le long des côtes, c'est trop dangereux, il vaut mieux traverser le rail avant son réveil.  

C'est une vraie autoroute qui porte le nom de "rail d'Ouessant" du nom de l'île la plus occidentale de la Bretagne et symbolisant l'entrée ou la sortie de la manche au large de celle-ci . Ensuite, elle poursuit sa route en mer du nord entre la Belgique et l'Angleterre comme un énorme train dont les wagons sont les cargos qui approvisionnent les ports d'Anvers et de Rotterdam.

De nuit, elle ressemble à une guirlande de lampes blanches sans fin, au point de te demander comment tu vas faire pour trouver une petite place pour la traverser d'autant plus qu'elle est à double voie, (il y a aussi ceux qui descendent un deuxième rail parallèle). Fred ne le saura pas, il dort comme un loir tandis qu'Olivier, aux commandes du voilier, traverse cette longue cohorte.

Christine n'en croit pas ses yeux, comment arrive-t-il à passer entre ces monstres? D'accord, ils ne peuvent pas dépasser la vitesse de 10 noeuds, mais comment fait-il pour évaluer la distance et s'y faufiler au bon moment? les seuls repères sont  leurs feux de position! Oui, on voit un feu vert, il veut dire tribord, puis un feu rouge sur le côté bâbord quand il est passé,mais quand elle a vu le feu blanc de l'un d'eux, qu'Olivier lui dit: c'est son feu de poupe, celui de l'arrière du bateau, elle ne comprend pas, aurait-il fait demi-tour pour les éviter? Qu'ensuite elle aperçoit un feu tribord et deux feux blancs indiquant un cargo de plus de 50 mètres, elle se dit: ce n'est pas possible, il fait ça pour nous! Olivier lui dit, ce paquebot aura voulu éviter un autre et il ajoute: on ne le saura jamais, même s'il nous a engueulé, notre radio est éteinte.

C'est très chaud, Olivier est super concentré, Christine, elle, est confiante, elle a retrouvé son capitaine, elle a presque oublié la rupture brutale et injuste d'Ostende.

A la sortie du rail l'horizon s'éclaircit, le soleil se lève au-dessus des falaises anglaises dissimulées par la brume automnale qui se répand sous la forme d'une immense nappe sur la mer. Elle est à la fois rassurante car elle les met à l'abri des regards ennemis et dangereuse à cause du manque de visibilité.

Pourvu que les garde-côtes anglais ne les voient pas!

Le pilote automatique permet maintenant au bateau de garder un cap à l'ouest hors de portée de vue alors que nos deux jeunes s'endorment morts de fatigue quand Fred apparaît...

 

 

 

          

 

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18 septembre 2020 5 18 /09 /septembre /2020 15:55

De retour au bateau, Fred, à l’aise, choisit sa couchette.

Il est sûr que les deux tourtereaux vont se réconcilier !

Déjà ils ont fermé la porte de ce qui était, il n’y a pas encore longtemps, leur nid d’amour.

Je suis dans la merde, Christine ! Qu’est-ce que ton beau-père a dans la tête ? S’il savait les sentiments que j’ai pour toi, les risques que j’ai pris…, pour toi, pour moi. Je t’ai rencontrée au mauvais moment ! L’amour est aveugle ! J’ai foncé la tête la première dans cette aventure, je t’y ai entraînée et maintenant tu hantes mes rêves. J’ai honte ! Shark est capable de tout, j’ai peur !  Tu n’imagines pas ma douleur quand je t’ai accompagnée à la gare ! Je n’ai pas voulu t’entraîner dans cette aventure. Je le regrette et en même temps je ne peux pas me passer de toi … J’ai voulu disparaître avec l’espoir de te retrouver ailleurs, là où les méchants ne pourraient pas nous empêcher de nous aimer…

Partons Olivier ! partons tout de suite, disparaissons en mer, allons-nous aimer là où les gens sont gentils. La mer est immense, les méchants ne nous trouveront pas…

Ok, on largue les amarres, je coupe la VHF et tous les instruments, on va naviguer au compas et sans lumières. Il fait nuit, on se fera le plus discret possible, loin des côtes. Il faudra faire attention au rail, éviter les cargos…

Ton beau-père dort, allons-y doucement !

La mise au point.
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11 septembre 2020 5 11 /09 /septembre /2020 17:56

 

Je vais à la Capitainerie leur demander d’appeler Olivier pour lui signaler qu’un ami l’attend au bar. L’ami, ce sera moi !

Vous restez dans la voiture jusqu’à mon signal…

Quelques minutes plus tard, Fred sort du bureau du capitaine et se dirige vers le club. Ensuite, c’est au tour d’Olivier de passer devant la voiture où se cache Christine.

Olivier se demande ce qu’on lui veut, la capitainerie n’a pas l’habitude d’appeler un bateau pour demander à son propriétaire de se rendre à un rendez-vous !

Bizarre ! Son père ne sait pas qu’il est à Nieuport, de plus il aurait pu l’appeler sur son portable ! Qui peut l’appeler ? Il n’est pas connu ici !

Le club nautique est quasiment vide à cette heure. Dès que le jeune homme y entre, Fred l’interpelle par son prénom.

Oui ?  Olivier est interloqué. C’est vrai, il connaît pas mal de monde, mais seuls ses amis de Flessingue et d’Ostende peuvent savoir qu’il a fait un stop à Nieuport. Que se passe-t-il ?

Excusez-moi, Olivier, vous ne me connaissez pas et moi je ne vous connais qu’à travers ma fille. C’est elle la raison de ma présence.

Je m’appelle Fred et j’aimerais qu’on devienne amis…

S’il vous plaît ? acceptez que je vous offre un verre. Moi, j’ai soif, je boirais bien un coup après la route.

Olivier est tellement surpris qu’aucun son ne sort de sa bouche.

Il accepte une Stella.

Fred n’est pas pressé, il lui laisse le temps de s’interroger sur la situation.

Christine n’a pas digéré la rupture et a envoyé son père par dépit ?

Celui-ci veut venger l’honneur de sa fille ?

Il n’en a pas l’air ou, alors, c’est un vicieux avec son grand sourire, sa proposition amicale…

Fred prend le temps de boire sa bière tout en parlant du port de Nieuport qu’il a fréquenté quand il était plus jeune.

Il joue au chat et à la souris, qu’il accouche bon sang !

Oui, Christine est mineure, mais je ne l’ai jamais forcée ! Même, j’ai rencontré sa mère quand je suis passé la prendre en voiture ! Sa maman n’avait pas du tout l’air contrarié, au contraire !

Olivier n’a pas le temps d’en faire la remarque à Fred, le supposé père de Christine, qui, comme s’il avait lu dans ses pensées, intervient :

Rassurez-vous, je n’ai pas beaucoup de droits sur Christine, je ne suis que son beau-père ! Mais quand même, je l’aime comme ma propre fille, en tout cas, assez pour souffrir de la voir se désespérer de votre réaction.

Olivier se tait, il espère que Christine ne lui a pas parlé de ses relations, du revolver de Shark…

Fred garde son sourire, il ne montre aucune hostilité et semble toujours avoir envie de faire copains, copains.

J’aime profondément sa mère. Depuis le retour de Christine, elle ne supporte pas le désespoir de sa fille. Christine a tout raconté à sa mère. C’est sa mère qui me prie de vous parler, elle est persuadée que vous êtes un gars bien, que vous ne pouvez pas, sans y avoir été forcé, faire du mal à sa fille.

A ce moment, Christine entre dans le bar, s’assied près d’eux sans un mot, les larmes coulent sur ses joues, Olivier, le regard dans le vide, serre les dents, il ne peut cacher son émotion, sa tête s’effondre, même Fred semble ému !

C’est d’ailleurs le moment qu’il attend, ce moment où il sent la fragilité d’Olivier, son désarroi.

Ecoutez, Olivier ! Regardez, Olivier ! moi non plus je ne peux supporter de voir Christine dans cet état !

En partant de Bruxelles, ma décision était prise. Fred pose un revolver sur la table… Je ne vous veux aucun mal Olivier, rassurez-vous…

Ne vous effrayez pas, je ne me sers jamais de cette arme ! Elle est là car Christine m’a raconté son efficacité, comment vous avez exécuté sans discuter les ordres d’un petit salopard le matin où ce dernier vous a forcé à la conduire à la gare. (Voir article « Un homme dans le bateau » du 13 août).

Je vous demande simplement de reprendre Christine à bord…

Attendez, ce n’est pas tout. Je vous accompagne, j’ai envie d‘aventures en cette période de coronavirus…

Emotion et surprise…
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4 septembre 2020 5 04 /09 /septembre /2020 16:51

La surprise de Véronique, la maman de Christine !

Le père de son copain, en personne, vient lui solliciter l’autorisation de s’occuper de sa fille. Il lui propose un boulot et se porte garant de son fils Olivier.

Vous voyez, chère Madame, je ne veux pas influencer la vie de nos jeunes. C’est la rencontre de votre fille Christine, sa bonne influence sur mon fils qui m’ont poussé à le faire.

Monsieur, j’ai rarement vu un père s’impliquer autant dans l’éducation de son fils et je ne vois pas comment je pourrais rejeter votre décision. Evidemment, je laisse à ma chère fille le choix d’une décision aussi importante. Je pense comme vous, il faut proposer des voies à nos enfants, c’est à eux de choisir…

Christine n’a pas hésité une seconde bien sûr. Elle n’a même pas eu à intervenir dans la conversation, elle était trop heureuse de voir sa mère consentir à cette proposition surprenante, présentée si brillamment.  

Sa nuit fut peuplée de beaux rêves. Ce type a charmé ma maman, il est très fort. Il va sûrement me permettre de retrouver Olivier.

Comme prévu à dix heures le lendemain matin, une BMW noire vient la prendre. Véronique, la maman de Christine, s’est levée de bonne heure pour l’occasion, le temps de faire sa toilette, de se pomponner pour saluer ce charmant monsieur envoyé par la providence…

On peut dire que vous l’avez bien embobinée, ma mère !

Et maintenant vous allez raconter à Olivier que vous êtes mon père, enfin mon beau-père ! Vous êtes quand même gonflé ! Je ne sais même pas comment vous vous appelez…

Fred, appelez-moi Fred.

Excusez-moi Monsieur, je vais avoir du mal à vous appeler par votre prénom devant Olivier. C’est vrai, nous sommes sensés nous connaître depuis un certain temps, mais quand même !

Vous lui direz que vous n’aimez pas parler de moi. Je suis une pièce rajoutée, en général les enfants n’aiment pas les remplaçants de leurs vrais parents

Nieuport

Appelez-moi beau-papa !

Beau-papa ! Je ne pourrai jamais ! J’aurai déjà tant de mal à lui mentir !

Il le faudra pourtant, c’est le seul espoir de le sauver de la situation dans laquelle il s’est mis. S’il découvre la réalité, je ne réponds plus de rien…Je m’en laverai les mains.

Beau-papa vous ne lui ferai rien de mal, lui supplia-t-elle d’un ton de petite fille qu’elle retrouvait en cas de malheur.

Fred esquissa un sourire qui ne la rassura qu’à moitié.

Elle lui promit de jouer le jeu, elle n’avait pas le choix, prévenir Olivier et s’enfuir tous les deux, c’est bon dans les films…

Bon, il est temps de déterminer notre stratégie…

Vous vous êtes confiée, votre maman a pleuré et, parce que c’est mon tempérament, j’ai décidé de vous accompagner pour intervenir en votre faveur…

Croyez-moi, ça marchera, c’est mon métier…

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